mercredi 23 avril 2008

Toumani Diabaté - The mandé variations





La beauté est de ce monde. Et à entendre la musique qui émane de là-bas, elle pourrait bien se trouver au Mali.

Je n'ai jamais mis les pieds là-bas, remarquez... mais pour la dernière heure, j'en étais bien près. Aussi près que possible, sans quitter l'ennui petit-bourgeois de Saint-Lambert.

J'ai passé la dernière heure en compagnie de Toumani Diabaté. Et de ses Mandé Variations.

Diabaté, pour ceux qui ne connaissent pas, il est un peu au Mali et à son instrument, le Kora, ce que Ravi Shankar fut à la musique indienne et à la cithare. Un virtuose. Un ambassadeur. Un musicien dont le jeu dépasse complètement les cadres normaux de la musique. Comme Shankar. Comme Coltrane.

Issu d'une grande famille de griots et musiciens maliens (son père était un maître du kora, sa mère chanteuse), Diabaté a enregistré, à 21 ans (en 1988) le tout premier disque entièrement dévolu au kora, comme instrument solo. On dit son jeu respectueux de la tradition, mais en même temps capable de la transcender, de l'amener dans de nouveaux mondes sonores. Il multiplie aussi les collaborations internationales (même Björk a fait appel à lui sur son dernier disque). Encore là, il rappelle Shankar.


Diabaté est un virtuose incroyable, capable à l'aide de la seule kora (une sorte de harpe, aux sonorités parfois métallique et perçante comme la harpe, mais parfois douces comme une guitare six cordes) de jouer mille variations de lignes de basse, d'accompagnement et de mélodies, en même temps (ce qui m'a rappelé la cithare), avec d'infinies détails de timbres, de rythmes et de micro-dynamique. Si votre système peut vous le faire entendre, vous ne pourrez qu'être fascinés par les mille subtilités de l'instrument, par sa richesse tonale et harmonique. Un instrument-orchestre. Diabaté utilise d'ailleurs deux koras, aux sons différents. J'ai un petit faible pour la kora traditionnelle. Plus près de la guitare. Plus lumineuse.

Mais, et c'est là toute sa valeur, l'art de Diabaté dépasse complètement le cadre de la seule musique; c'est lumineux, c'est empreint de cette sorte de rayonnement qui vous amène presque aux portes de la méditation. C'est spirituel, quoi, n'ayons pas peur des mots... c'est presque mystique. En fait, c'est trop beau pour n'être que de la musique. C'est la vie, quelque part, dans ce déferlement de cordes pincées. Je vous jure.

Les Mandé Variations se partagent entre morceaux inspirés de la tradition du kora, compos récentes et impros libres. Il ya même une citation de Enio Morricone. Diabaté a voyagé! Il a assimilé. Et son art n'en est que plus riche!

Bref... c'est une heure absolument transcendante. Je vous le conseille absolument!


dimanche 6 avril 2008

FSI: une visite éclair


Feed-back de profane, ça vous dérange pas trop les gars? Alors voilà le mien!

D'abord, coincer ça en 4 heures est le genre de calcul qui ne fonctionne pas, comme j'en ai fait l'expérience douloureuse cette année. Me suis arrêté au 9e étage, dans la salle oracle. Mais, bon, la famille, pas mal de vin hier, et tout...

C'est une vraie torture ces salons. On n'a jamais assez de temps pour vraiment apprécier ce qu'on aime, ni pour donner une 2e chance à ce qu'on n'aime pas. On doit se refaire une oreille vierge à chaque salle et faire avec le choix musical qui est tout un piège: comment comparer avec des disques qu'on n'a jamais entendu? Je m'étais fait une compil', mais je ne l'ai pas souvent sorti: pas le temps!

Moi, je m'excuse, mais les Kef m'ont jeté sur le cul. Chance: les deux disques entendus, je les connaissais par coeur, en avant, en arrière: Eleanor Rigby des Beatles, les Marquises de Brel. C'était écoeurant! Tout y était: tonalités, soundtstage, présence, cohérence. Quand on pense aux électroniques très modestes qui les poussait, wow! Bon, à 140K la paire, est-ce qu'on s'attendait à moins? Non!



J'ai adoré les WATT, mais j'ai seulement entendu un solo de drum! Alors, ça avait la pêche, mais si les HF sont à chier, je vous crois sur parole...



La salle GAMUT a été un bon moment pour moi, mais le choix musical me convenait tout à fait: un jazz assez hard avec beaucoup de brass, live. Beaucoup de vie là-dedans. Oh fuck, je viens de voir le prix des enceintes: 130K$ Ok, au suivant!



J'ai été surpris de voir le nombre de salles mettant en vedette du Moon et du Verity Audio. Trop, c'est comme pas assez! Sauf les Verity Lohengrin dans la salle LAMM. Là j'ai pris mon pied. Euh, les enceintes sont 80K$$$ Bon...



Bon faut revenir sur terre... Je cherche la salle avec des LS 3/5a et tombe sur les Harbeth Super HL5 ($5K la paire). Pour qui a été nourri au biberon des Rogers et du son british BBC, impossible de résister. Et puis, pas trop de monde, je peux enfin sortir ma compil. D'abord, du Sonny Rollins mono (Saxophone Colossus)... Évidemment, pas de problème pour les Harbeth, le jazz acoustique hard bop, c'est en plein dans leurs cordes. Avec du Audio research comme amplis (d'ailleurs, à chaque fois qu'il y avait Audio Reasearch en amont je trouvais que ça swingait en diable... surtiout avec les Sonus faber, outch!). Puis mon disque killer de système, le Cassandra Wilson, Thunderbird... Eh ben voilà... le Harbeth le rendait sans souffrir le moins du monde... C'était pas la parfaite transparence, mais j'ai entendu pour la 1ère fois "Strike A Match" "débouché"... Bravo!




Un peu plus loin, le kit écono dont tout le monde parle: électroniques Exposure et enceintes Neat Motive 2. J'avais encore les Harbeth en tête, j'ai resorti le Cassandra... Là, le représentant m'a presque fait une bouderie... "c'est quoi ça? t'as tiré ça de ton ordi? le son est poche, y'a aucune transparence..." Visiblement, après une fin de semaine de lauriers et d'accolades, il avait pas envie d'entendre son système à son désavantage et préférait blâmer mon rip (parfait soit dit en passant), alors on a vite enchainé avec Sonny Rollins, où le petit kit a retrouvé ses couleurs... C'était pour lui faire plaisir. Mais malheureusement, mon initiation aux Neat a été décevante...



Autre (grosse) déception. Tenor... les meilleurs amplis à tubes au monde ais-je lu? Ben pas avec les enceintes Avalon, qui faisait des hautes fréquences à haut degré de friture, ce que Stereophile qualifie de "a little recessed".



Et puis, pourquoi, pourquoi mettre le son dans le tapis à la moindre occasion? La fatigue auditive ne permet pas d'apprécier le son à sa juste mesure, non? Je ne pouvais comprendre les représentants qui crinquaient jusqu'au point de distorsion... Anyway...

L'épuisement me gagnant peu à peu, je me suis retrouvé, 16h45, chez Audio d'occasion, devant le kit Oracle et les panneaux Final... J'ai mis le Bacchanas Brasileiras par Wayne Shorter. Saxo, percus, violoncelle, dans un magnifique enregistrement... Et là, j'ai croulé de plaisir... La transparence, l'équilibre, l'étendue dynamique (j'ai enlevé le sub, sans rien perdre)... J'ai eu un petit moment de fierté patriotique. Les produits Oracle sont fantastiques, et je rêve, je RÊVE de m'offrir leur DAC... Un petit moment de perfection après plusieurs salles à se faire marteler les tympans...



Peut-être suis-je un amateur de panneaux qui s'ignore! Faudra investiguer!

Bon, alors ce n'était que mon 2e salon de l'audio, alors je suis loin d'avoir fait le tour. Naim, Linn, YBA, pas eu le temps... Alors j'y retourne l'année prochaine!

(les photos sont tirées du blogue de Stereophile)