lundi 31 janvier 2011

Midnight Cowboy perd son père... RIP John Barry

C'est le compositeur d'un de mes thèmes préférés, l'inoubliables mélodie de Midnight Cowboy (grand film, grand thème), joué à l'époque par Toots Thielemans. Il a aussi mis en sons les James Bond de la grande époque. Bref, parmi les grands compositeurs du XXe siècle.

RIP John Barry.

dimanche 30 janvier 2011

Mix tape No 63 - Electro-Crush Vol. 1

... And now, for something completely different...







001 Flying Lotus - ...And The World Laughs With You ft. Thom Yorke.
Thom Yorke (Radiohead) semble ajouter un surcroît d'âme à tout ce qu'il touche. La meilleure pièce d'un disque électro (Cosmogramma) qui a pas mal fait parler de lui l'année dernière.
002 How to Destroy Angels - The Space in Between
Le véhicule musical de Trent Reznor (Nine Inch Nails) et de sa jolie petite copine. Surprenant! 
003 Nine Inch Nails - The Four of Us are Dying
Trent Reznor encore...
004 Faust - Four Plus Seven Means Eleven remixed by Dax & Pieper
Freispiel: formidable collection de remix de titres récents du célèbre groupe krautrock Faust
005 Steven Wilson - Abandoner
L'inépuisable Steven Wilson (Porcupine Tree) a besoin en plus de sortir des albums solos!
006 Steven Wilson - Abandoner [Engineers Mix]
... et de sortir une très belle compilations de remix du même album (NSRGNTS RMX)
007 Björk - Come To Me (Black Dog Mix)
L'indispensable Bjôrk, dans un album de remix de son tout premier album solo (The Best Mixes From The Album-Debut)
008 Faust - Wir Brauchen Dich #6 remixed by Gel- Dave Ball (Soft Cell) & Ingo Vauk
De nouveau, Freispiel
009 Faust - T-Électronique remixed by Mathias Schaffhäuser
.. et de nouveau
010 Infected Mushroom - Smashing the Opponent (feat. Jonathan Davis)
Pas nécessairement mon truc, mais ce titre est assez irreésistible
011 Portishead - Plastic
Un des nombreux formidables extraits du plus récent Portishead.
012 Nine Inch Nails - 4 Ghosts I
Un des nombreux projets récents de Trent Reznor.
013 Hans Zimmer - Dream Is Collapsing
Formidable bande-son du formidable Inception avec le formidable Johnny Marr (The Smiths) à la guitare
014 Air - Brakes On
Un des premiers titres du duo français. Sur Premiers symptômes.
015 Radiohead - Packt Like Sardines In A Crushd Tin Box
Le plus difficile, c’est de choisir! Le titre qui ouvre le sous-estimé Amnesiac.
017 How to Destroy Angels - A Drowning
Retour à Reznor et la sémillante Mariqueen Maadig
016 Hans Zimmer - Old Souls
L'hommage de Zimmer à la bande-son de Blade Runner de Vangelis.

jeudi 27 janvier 2011

Y'a quelque chose qui cloche là-dedans...


"We were great," he [Paul Motian] said that weekend, at a Hungarian strudel-and-coffee spot on Amsterdam Avenue. "But look at this - I got one hundred and thirty-six dollars for the famous legendary record, one hundred and ten for the gig, and one hundred and seven for the second record."
- tiré du New Yorker, 13 août 2001 

mercredi 26 janvier 2011

Jeff Buckley Live - Icare noyé


Pour certains, pour la plupart des amateurs de rock, la musique est un peu morte le 5 avril 1994, lorsque Kurt Cobain, défoncé à l'héroîne et au désespoir le plus noir, a écrit une lettre à son ami imaginaire Boddahn avant de mettre fin à ses souffrances de la manière la plus violente, chez lui, à Seattle.

Mais pour moi, cette mort, prévisible, annoncée, aussi triste fut-elle, ne fut rien à comparer au gâchis de talent qu'a constitué la noyade, 3 ans plus tard, de Jeff Buckley, le 29 mai 1997.

En fait, est-il arrivé pareille tragédie dans le rock depuis la mort de Jimi Hendrix

Je pose la question, comme ça, en écoutant, abasourdi, le live Mystery White Boy (Live 1995-96)... Un des multiples disques posthumes qui cherchent à combler le trou dans notre coeur depuis que Buckley a piqué une tête dans le Mississipi en chantant Whole Lotta Love, pour ne plus reparaître. 

Ricanement de la Grande Faucheuse

Buckley était à Memphis, préparant le successeur à son unique album, l'extraordinaire Grace, paru en 1994, et un des albums les plus parfaits de l'histoire du rock. Comme si la passion d'un Van Morrison, la muse poétique d'un Jim Morrison et l'énergie d'un Robert Plant avaient migré dans un seul corps, celui de cet espèce de Rimbaud californien, chanteur de coffee-shop new-yorkais transfiguré en rock-star dans un scénario qui aurait pu être parfait, s'il n'y avait eu ce stupide accident.

Serez-vous surpris d'apprendre que Buckley brûlait les planches? Son Live At Siné est un témoignage magnifique de son travail solo, intime, celui d'avant Grace. Mais ce Mystery White Boy, malgré ses immenses défauts, c'est la preuve qu'on tenait là une véritable bête de scène rock.

Immenses défauts parce que ce n'était pas des enregistrements destinés à une circulation publique. Le son, préservé sur des DAT, est au mieux correct; mais on reste soufflé par le feu qui habite non seulement Buckley mais son groupe, soudé à son leader. Et si la plupart des pièces de Grace ne sont guères différentes des originaux en studio que nous avons appris à aimer, il y a sur ce live quatre pièces que tout fan de Buckley doit entendre. Deux nouveautés magnifiques, très rock, I Woke Up In A Strange Place (référence à ses années d'errance sur les routes à "dépendre du hasard et des rencontres"?) et la très émouvante What Will You Say, (qui rappelle vaguement le Kasmir led zeppelien, cri du coeur à l'endroit d'un père qu'il n'a vu qu'une fois dans sa vie?)... mais aussi une version presque punk et absolument saoulante  de Eternal Life... 

Et au final, un Buckley soudain fragile, à la voix peu sûre, presque maniéré, reprend le hit qui lui survivra à jamais, sa reprise du Hallelujah de Leonard Cohen. Et, idée magnifique, il intercale quelques lignes d'une des plus belles pièces des Smiths, I Know It's Over...

Eternal Life, Hallelujah, I Know It's Over...

Les Muses avaient-elles chuchoté à Jeff que son destin serait forcément tragique et sa vie brève?

Icare s'est noyé dans le Mississipi.

P.S. Peut-on interdire gentiment mais fermement les reprises futures de Hallelujah? Elles sont si nombreuses que ça en devient ridicule. J'en ai deux qui se sont ajoutés dans ma collection depuis une semaine (Ariane Moffat, Renée Fleming) et honnêtement que peuvent-elles ajouter? La version définitive existe.

vendredi 21 janvier 2011

Mix Tape 62 - En Mineur Vol. 2


80 minutes bien serrées.
Et on pourrait faire un volume 3 sans problèmes.

01 Mercy Rocco DeLuca And The Burden. Superbe disque produit par Daniel Lanois, honteusement méconnu
02 Résident de la République Bashung. L'ultime Bashung
03 Miss catastrophe Biolay, Benjamin. Le play-boy Biolay à son plus acide
04 Tel que tu es Gainsbourg, Charlotte avec le duo Air et Nigel Godrick (Radiohead) à la production
05 Les Invectives Moffatt, Ariane
06 Invente une langue pour me nommer Perreau, Yann
07 Pour Retrouver Le Monde et l'Amour Séguin, Richard: la poésie de Miron, de l'album 12 hommes rapaillés Vol. 1
08 Bo Derek Arthur H: du magnifique Mystic Rumba, dédié à Llhasa. Je tiens à dire, pusique ma blonde me l'a demandé, que je n'ai jamais vu le film-culte Ten. Ni d'ailleurs Bolero. mais il n’est jamais trop tard!
09 Nightingale Rocco DeLuca And The Burden
10 28 jours Karkwa
11 Mad World Michael Andrews Feat. Gary Jules: reprise impressionniste de Tears For Fears
12 Somewhere In Between Kate Bush
13 I Believe In You Black Dub: le groupe de Daniel Lanois, et la formidable Trixie Whitley à la voix
14 Cursed Sleep Billy, Bonnie 'Prince': enregistré en Islande par l'énigmatique Will Oldham
15 Lord Of The Reedy River Bush, Kate: une rareté de Kate Bush, compo de Tim Buckley (oui, le père de Jeff Buckley)
16 Junky Valentine Rocco DeLuca And The Burden
17 Love Is Blindness Wilson, Cassandra: peut-être la meilleure reprise de U2 que j'ai jamais entendue
18 Calling You Buckley, Jeff: enregistrement live de Jeff Buckley, dans un café, avant la célébrité. Reprise du thème de "Bagdad Café".
19 Harvest Moon Wilson, Cassandra: reprise de Neil Young.

mercredi 19 janvier 2011

Mix Tape 61 - En mineur



Ça fait longtemps, très longtemps, que je n'ai pas fait un "mix tape"... Avec les serveurs, le "playlist" en constante métamorphose et qui s'adapte en un clin d'oeil à nos humeurs, l'idée même d'un "mix tape" figé pour de bon est devenue complètement obsolète. L'idée de préparer une sélection de pièces, de les cadencer soigneusement, de trouver le point de mixage idéal, de synthétiser 80 minutes de musique spécialement pour une personne a été remplacée par l'échange de disques durs ou de clés USB débordant de fichiers digitaux.

Pour le moment...

Parce que comme tout tourne en rond... un jour, on peut prévoir que le "mix tape" et son parfum suranné d'éternité fera un retour.

Je l'espère en tout cas.

Parce que le modeste "mix tape", qu'il soit sur CD ou sur ruban, c'est un petit moment d'éternité émotive que l'on vent fixer; pour le mélomane non-musicien, c'est sa petite symphonie intime, dédiée normalement à quelqu'un...

Anyway, hier, j'ai eu envie de faire un "mix tape" pour ma soeur. Ma soeur aime la musique en mineur. Au sens musical du terme. La mélancolie du mineur vient pincer une corde intime, la connecte sur un sens enfoui.

Ça tombe bien, moi aussi.

Et comme j'avais envie de lui faire découvrir des trucs, j'ai essayé de trouver des trucs qui lui sont inconnues...

Donc, mon "mix tape" no 61, "En mineur".

01 Air – Playground Love : l'inoubliable thème de "Virgin Suicides". Le son du mellotron, ressuscité par le duo français
02 Smiths, The - Death Of A Disco Dancer: un disque que j'ai beaucoup écouté avec elle 
03 Miranda, Holly - Joints: parfums du label 4AD et des années '80, avec la mise en sons du leader de TV On The Radio; 
04 Jónsi - Tornado - le leader de Sigur Ros dans ce qu'il fait de mieux
05 Gabriel, Peter - Flume - interprétation fantastique de la pièce de Bon Iver
06 Radiohead - Sail To The Moon (live, NYC) - interprétation dépouillée et troublante
07 Gibbons, Beth;Rustin Man - Drake - le disque en mineur de la dernière décennie, par la chanteuse de Portishead et un membre obscur de Talk Talk,  hommage à Nick Drake
08 Moffatt, Ariane - Brain Damage - qui aurait cru qu'on pouvait faire une version "unpluggeed" du grand classique pink floydien? Sur l'excellente bande sonore de "Trauma"
09 Egan, Coral - Breathe - un grand talent montréalais, mis en sons par Charles Papasoff
10 Jorane - Cucaracha - Jorane à son plus troublant
11 Massive Attack - Paradise Circus (feat. Hope Sandoval)  - la liste des chanteuses ayant prêté leurs voix à Massive Attack est étourdissante. Cette fois, la discrète et sensuelle Hope Sandoval de Mazzy Starr 
12 Stevens, Sufjan - Vesuvius - un extrait du meilleur disque de 2010. Mais que c'est dur à mixer avec autre chose, tellement c'est spécial!
13 Flying Lotus - ...And The World Laughs With You. Le groupe électro de l'heure, avec la voix de Thom Yorke de Radiohead
14 Scott-Heron, Gil - Me And The Devil. Parfums de prison et de descente aux enfers... Gil Scott-Heron restera-il dans la lumière ou retournera-t-il tutoyer le diable? 
15 Massive Attack - Saturday Come Slow. L'omniprésent Damon Albarn (Blur, Gorillaz), un créateur inépuisable d'excellentes mélodies.  
16 Drake, Nick - River Man. La figure tragique de la musique en mineur, le prédécesseur des Ray Lamontagne, Bonnie "Prince" Billy et de tant d'autres. S'il avait su...
17 De Larochellière, Luc - Un Toi Dans Ma Tête. L'égal de Nick Drake, dans une mélodie si belle qu'on voudrait qu'elle ne s'arrête jamais.
18 Lamontagne, Ray - Till The Sun Turns Black. Baume.

lundi 17 janvier 2011

Sur la platine: Cassandra Wilson et son Silver Pony



Bien sûr, Diana Krall et la perfection de ses conceptions; bien sûr, la fraîcheur de Norah Jones; bien sûr, Madeleine Peyroux, plus Lady Day que Lady Day; et bien sûr, la beauté vocale de Melody Gardot.
Mais se détachant encore du lot, prêtresse voudou distillant les parfums suaves de la swamp des origines, Cassandra Wilson et son hybride delta-blues-jazz-rock-pop...

Je découvre à peine le dernier Cassandra Wilson, Silver Pony, album vocal de l'année 2010 selon le Village Voice, et je suis de nouveau hypnotisé, comme par une blessure fascinante, ou une cérémonie religieuse nocturne, avec un sacrifice vivant qui se balance au bout d'une corde... Il y a quelque chose de si dense dans cette musique, dans cette voix noire, dans cet entrelacs serré de guitares sudistes, de percus... Fascinant.

Depuis Blue Light Til Dawn en 1993, la conception musicale de Cassandra Wilson évolue sans jamais perdre son unicité. Un monde qui se distingue par la préséance des cordes sur les cuivres (pratiquement absents), par un respect du blues du delta sans jamais que la sauce ne devienne stagnante; pop et rock s'incorporent sans peine, les reprises mirifiques de U2, de Hank Williams, de Neil Young et Van Morrisson trouvant leur place sans peine auprès des Robert Johnson et Charley Patton.

Ce Silver Pony est une curieuse bête, mi-live, mi-studio, qui nous offre un aperçu de l'organisation organique de la musique dans un groupe dirigé par Cassandra Wilson; les musiciens, loin d'être des accompagnateurs, sont au coeur de chaque chanson, comme cette guitare bottleneck de Marvin Sewell qui zèbre les ambiances rythmiques denses de la dame. Écoutez cette reprise à la fois trépidante et traînante de St James Infirmary, le long blues de Pony Blues, la reprise imaginative de Blackbird des Beatles, la très belle Watch The Sunrise au finale, avec John Legend aux voix et piano.

Laissant la conclusion au critique FRANK ALKYER de Downbeat:
Silver Pony is a record that begs listeners to suspend notions of what a live recording should be or what a studio recording can be. After a few spins, it doesn’t matter. There’s too much to like.



QUALITÉ SONORE:
Pour ceux qui, comme moi, sont préoccupés par la qualité sonore des albums, dont certains trouvent que les disques de Mme Wilson ont tendance à baver beaucoup dans les basses fréquences, laissez-moi vous annoncer une excellente nouvelle: masterisation (Bob Katz) sans compression dynamique, énormément de dynamique, bel équilibre des timbres: l'esthétisme "live" à son meilleur. Écoutez "Pony Blues", vous m'en donnerez des nouvelles: 21,58 dB d'écart dynamique moyen, et ça s'entend.

vendredi 14 janvier 2011

MusikLeaks - The Smiths et Kate Bush

Pendant que Julian Essange et WikiLeaks défendent à leurs risques et périls le droit à la libre circulation des infos sur I'Internet et que les gouvernements et grosses corporatifs cherchent encore la parade à la danse libre qui s'y déroule, des pépites d'or musicales y circulent, plus ou moins confidentiellement, plus ou moins légalement; oeuvres retenues (contre leur gré) par des détenteurs de droits armés d'extensions légales démesurées, à 300$ ou 500$ l'heure...

Ainsi, Noël est arrivé un peu tôt cette année pour les très nombreux "complétistes" des Smiths, un des très grands groupes anglais des années '80, disparus en 1987 après 4 années d'une production frénétique, dont le rythme évoquait furieusement l'éthique des années "60, lorsque les groupes lançaient 2 albums et quelques 45-tours "qui ne se retrouvaient pas sur les albums" annuellement. Un mythique "coffret" sans cesse repoussé. comprenant "singles", "b-sides", prises alternatives, démos et "live" est régulièrement au centre de rumeurs depuis une dizaines d'années. Mais en vain: Morrissey et Johnny Marr ont vécu un divorce artistique brutal, et ce n'est pas la poursuite légale (victorieuse) du bassiste Mick Joyce contre ses anciens partenaires qui allait arranger les choses. Un remastering de leur matériel par Bill Iglot de Rhino n'aura finalement donné qu'une compilation, "The Very Best of The Smiths". Et le coffret, sans cesse remis, toujours espéré, accumule la poussière.

Jusqu'au 19 décembre dernier. Alors qu'un membre anonyme de l'entourage immédiat du groupe (plusieurs chuchotent d'ailleurs qu'il s'agit d'un membre du groupe!) et apparemment exaspéré par l'immobilisme de Johnny Marr a laissé sortir sur Internet d'excellents fichiers "lossless" réunis dans une compilation appelée Unreleased Demos & Instrumentals... on parle d'une qualité sonore tout ce qu'il a de plus professionnel, 16 pistes (y compris deux "originales") qui sont autant de pépites d'or, parfois assez proches des originales, parfois radicalement différentes (Sheila Take A Bow avec de la cithare???), et qui témoignent d'une recherche sonore fascinante. Prises directes de studio, commentaires des membres après les prises, mixages alternatifs... ce n'est pas sans rappeler la fascinante "Anthology" de John Lennon, et pour ceux qui aiment explorer le processus de création des musiciens et les oeuvres musicales sous différents éclairages, voilà un fascinant "bootleg"... Et paraît-il que ce n'est que le tiers de ce qui serait entre les mains du généreux donateur. Peut-être Johnny Marr (dont on peut entendre la céleste guitare sur certaines pièces de la bande-son d'Inception) prendra acte et lâchera-t-il un coup de fil au dandy poète Morrissey, dont la carrière solo continue d'aller bon train.

Plus d'infos ici: http://thepowerofindependenttrucking.blogspot.com/2011/01/mastered-smiths-stereo-demos-outtakes.html

Plus dur à trouver, mais à ne pas rater... le spécial de Noêl de la BBC4 de 1979 avec Kate Bush. La jeune protégée de David Gilmour n'avait que 21 ans mais était déjà une très grande star en Angleterre, grâce à ses deux premiers albums envoûtants et sensuels, The Kick Inside et Lionheart. Mais au moment de cette transmission, la jeune prodige est en pleine transformation: les mélopées "Bröntiennes" et les confidences romantiques de la jeune fille à son piano laissent maintenant place à une exploratrice sonore aussi ambitieuse que raffinée, et ce n’est pas un hasard si les très rock Violin et Wedding List et la superbe Egypt du chef d'oeuvre en gestation Never For Ever prennent une place spéciale dans ce "spécial". On sait la jeune Bush danseuse émérite; vous ne me ferez jamais avouer que c’est son côté que je préfère, même sous la torture, mais dans le genre, le petit numéro de "Them Heavy People" vous arrachera un sourire; "December Will Be Magic Again", qu'on ne trouve que sur son coffret This Woman's Work, est le rappel le plus direct à une pièce de Noël, mais miss Bush le fait à sa manière, assise au piano à queue: très belle chanson.

Mais le moment magique, pour moi, c'est l'apparition de son invité, un tout jeune Peter Gabriel (qui n'a pas 30 ans), à quelques mois du mythique Peter Gabriel (III) qui devait lui redonner sa pertinence artistique sur la scène rock mondiale... Gabriel a cette tronche tourmentée de thanatologue ou d'étudiant en philosophie qui correspond à la période la plus creuse de sa carrière, celle qui suit le très méconnu Peter Gabriel (II), produit par Robert Fripp.  Gabriel commence par reprendre le pinacle émotionnel de son premier album, la magnifique Here Comes The Flood, mais à la manière Fripp, c’est à dire avec sobriété et émotion, seul au piano, tel que vous pouvez l'entendre sur l'excellent Exposure de Fripp, et à mille lieux de la symphonique version du PG I (que Fripp qualifiait d'américaine et vulgaire en entrevue).

Plus magique encore, le moment le plus fort du spécial télévisé: en duo, une reprise d'une pièce belle et triste à pleurer, une histoire de vieux couple appelée Another Day. L'oeuvre d'un artiste de folk anglais, Roy Harper (un bon ami de Jimmy Page, comme vous le constaterez en sortant votre copie de Led Zeppelin III). Deux magnifiques interprètes, réunis pour la première fois pour un moment de grâce musical, et qui renoueront sur le Peter Gabriel (III) ("Games Without Frontiers") et So ("Don't Give Up").

Un aperçu, en basse qualité:
http://www.myspace.com/video/vid/6181309

Cette rencontre n'est sur aucun disque officiel, malheureusement. La même pièce est chantée par la superbe Elizabeth Fraser (Cocteau Twins) sur le premier This Mortal Coil. Très conseillé.

Peter Gabriel et Kate Bush seront, pendant quelques années, les deux plus fascinantes bêtes à sons de l'Angleterre, deux âmes-soeurs artistiques qui repoussent les limites de la production "studio" (The Dreaming de Kate Bush est une sidérante exploration sonore que vous devez avoir dans votre discothèque, et hâtez-vous, car tous les Kate Bush sont discontinués depuis peu).

Bref, cette pépite de la BBC, un technicien de la place aurait décidé de la faire circuler sur Internet, dans une excellente copie car le bonheur, faut bien que ça se partage, non?  En attendant que la BBC en fasse une véritable édition...

Les pièces:
Violin
Symphony in blue
Them heavy people
Here comes the flood (with Peter Gabriel)
Ran tan waltz
December will be magic again
The wedding list
Another day (with Peter Gabriel)
The man with the child in his eyes
Don’t push your foot on the heartbrake

lundi 10 janvier 2011

Sur la platine: JUDAS DYLAN




Il était une fois le bootleg le plus célèbre de l'histoire du rock.

Il était une fois Robert Zimmerman, alias Bob Dylan, Jésus-Christ juif du mouvement folk, "protest signer" acclamé dès son arrivée sur la scène, successeur auto-proclamé (et surdoué) de Woody Guthrie, qui, bourré aux amphétamines et éclatant sous la camisole de force des bien-pensants de la gauche musicale, décide de briser ses chaînes et de se "plogguer". Il engage un groupe canadien de rock pesant, les Hawks (avec à leur tête l'Amérindien Robbie Robertson) et part en tournée agresser ses adorateurs à coup de décibels électrifiés.

Et ça bardait.

Parce que les adorateurs, reconnaissant dans les guitares électriques la marque d'un AntéChrist musical, n'allaient pas le laisser s'en tirer comme ça.

Cohue, huées, objets lancés, une tournée aux allures de guerre de tranchées.

Lorsque Dylan débarque à Manchester le 17 mai 1966, il commence son spectacle par un "set" acoustique, seul, guitare et harmonica.

Et la différence de ton avec les enregistrements publics de deux ans (The Bootleg Series Vol. 6 Bob Dylan Live 1964, Concert At Philharmonic Hall)  plus tôt est sidérante. Même dans le set acoustique. Lui qui était joyeux, sarcastique et moqueur en 1964, est maintenant recueilli, sombre, intense, Dylan nous donne 40 minutes de musique confessionnelle qui présagent les Neil Young et Nick Drake de ce monde de quelques années. Son interprétation de "Desolation Row" donne des frissons, son "Just Like A Woman" est d'une douceur inhabituelle chez lui, lui, le désinvolte suprême.

Mais lorsqu'il clôt cette première partie avec Mr Tambourine Man, on le sent qui mord dans les mots avec dédain, moquerie. Comme s'il regardait ses admirateurs folk dans les yeux et leur jetait quelque chose qui ressemble bien à du mépris.

Juste pour cette première partie, l'édition officielle de ce bootleg vaudrait son prix.

Il me reste à écouter ce qui a suivi, le deuxième disque, le "set" électrique. Lui qui dit Just Play Fuckin' Loud aux Hawks (qui deviendront The Band bientôt). Et un illuminé dans la foule qui rendra ce show immortel lorsqu'il lui hurlera: JUDAS. Un set que certains considèrent comme le meilleur document "live" jamais enregistré dans l'histoire du rock.

Judas n'était qu'un homme qui ne voulait pas être Jésus Christ.

jeudi 6 janvier 2011

Des nouvelles de Rocco DeLuca

Son blogue étant resté inexplicablement vide pendant plus d'un an, j'avais cessé de fréquenter les pages de Rocco deLuca...

Rocco deLuca est ce troubadour rock magnifique, artiste du dobro,  qui, sous une direction vachement inspirée de Daniel Lanois, a sorti un des grands disques de rock des années 2000, dans une confidentialité presque totale... Oui, dans mon livre à moi, "Mercy" (commentaire ici) se hisse près du niveau du "Grace" de Jeff Buckley... Une musique qui sent la route, l'errance, la poésie, l'amitié et l'amour - les combats inachevés de l'être humain... poésie et rock shootés à l'intraveineuse... Rimbaud californien doté d'un falsetto qui tue.

Malheureusement, la business musicale est dure ces années-ci, comme chacun sait. Comment ce disque a-t-il pu passer dans le beurre, je me le demande. Comment est-il arrivé à moi, je me le demande aussi. Pas de critiques, pas de concerts, et un label qui semble avoir oublié son existence... Ah oui, ma douce, après quelques notes entendues dans un Renaud-Bray, avait compris que j'allais être flipper, et me l'a acheté. Je vous souhaite une blonde qui déniche pour vous les pépites de l'orgie culturelle.

Rocco donc, les poches certainement vides, existe encore. Il tourne confidentiellement, seul... Entrée de blogue d'avril dernier...

in search of quality-

I've been tripping from Kingston to Oakland and a

few stops in between-

i've been collecting image of the villages, cities, and people who i have been fortunate enough to meet- blogging took a brief break because i do not carry a computer with me on my travels - only a few items which include: national, pocket knife, tape, small grab of clothes, book to read, book to write in, and the use of local talents to help document sight and sound-

i have written some words for the true kings, those who are fearless in the face of the conventional wisdom- i wanted to record where history, hope, and the drum lives- producer, engineer and friend Mark Howard aka "Dirty Howard" had done some work in Jamaica and was familiar with a talent from the area who went by the name Dizzle.
(who played along to what could be considered folk songs). The results were worth the trip alone, we felt as if we created a collision of the written word, beats from the ground, and the energy that only an eighty-year-old Duolian can create. The God's were with us-
we recorded the live sessions in seven nights- my friend and gorilla-skateboarding-film-geek Ted Newsome from "Two Headed Horse" decided to come and film the live sessions- along with our trips through Port Antonio, Kingston, and the Blue Mountains. i'm currently going through footage with Ted to let others experience the happening with us. Thank you to Mark and Daniel Lanois for there encouragement with this trip.
-when i arrived back home, as usual, i was a bit restless after having been creating music on a very focused nightly basis. i go through these cold depressions when a thing is finished. I miss the music, the laughs, the coffee, the weed, the water, the soil- i decided to strap my national to the back of my machine and take off for the East Bay for a while. i know i looked mad (with everything i own tied to the back) by the expressions on the faces of people i passed. I had never ridden that far and thought it would be something to see PCH without being in a cage- i stayed with a friend, and explored for two weeks (graffiti is alive and well), which is different from going straight to the show and leaving directly after- i came back down through the central valley which opened into big skies and great distances, so great you feel small, then smaller-
after dropping out of the commercial world i have had to be more resourceful- efficient- raw- however, i have been afforded the opportunity to live amongst those who place quality above the popular-
as a result i will be playing stripped down shows over the next couple of months until we are able to share this next record, which will take a minute to sort out how it will be shared- i've got hope in my veins- my grandma said i might be able to borrow her ride for the tour- i want to see you in your hood-
bless,
rocco
Voilà, je voulais partager avec vous ces mots, directs et simples, de l'artiste qui suit sa route, la seule qu'il connaisse.
Nous sommes souvent durs avec les artistes. Je ne parle pas des gens du show-biz, que j'exècre de plus en plus, je parle des artistes, avec qui nous les confondons souvent. N'allez surtout pas croire que les créateurs de ces galettes que nous faisons tourner négligemment en faisant autre chose n'ont pas payé un dur prix leur talent de composer des oeuvres.

mercredi 5 janvier 2011

RIP Mick Karn

Ouf... on veut pas partir une chronique nécrologique, mais rude début d'année.
Quelques heures après Gerry Rafferty, voici Mick Karn, vaincu par le cancer.
Mick Karn, dont la basse ronde, enveloppante, si particulière, a tant fait pour le son de Japan, le superbe groupe synth-rock de David Sylvian.
Écoutez l'ultime album de Japan, Tin Drum, ou encore l'excellent et très méconnu Dance de Gary Numan, et vous aurez la juste mesure d'un musicien qui savait faire chanter et danser sa basse à la fois.


RIP.



Le site de Mick Karn vous offre 70 MB de musique à télécharger gratuitement...

mardi 4 janvier 2011

RIP Gerry Rafferty

Triste, mais le temps passe et emporte peu à peu nos héros de jeunesse.
L'auteur-interprète d'un de mes tout premiers 45-tours vient d'être emporté après une spirale descendante alcoolisée qui s’est étendue sur de longues années.
Vous vous rappelez Baker Street de Gerry Rafferty?
Formidable hit AM-FM, mis en son avec une science qui s’est peu à peu perdue dans le temps. Un solo de sax si populaire qu'onr aconte que les ventes de saxophone ont connu une hausse soudaine à cause de ce hiy!
Le nom de Gerry Rafferty est pour moi indissociable de ma découverte du rock et de la pop musik. Son disque "City To City" fut un des premiers 33-tours de mon grand copain de l'époque, Y.R., et Baker Street jouait, tout le temps, sur toutes les sonos.

D'autres parmi vous reconnaîtrez sa voix dans son tout premier "single", au sein d'un duo avec Joe Egan appelé Stealers Wheel, qui faisait partie de la bande son du Reservoir Dogs de Tarantino, grand amateur du rock façon seventies... Ça s'appelait Stuck In The Middle With You... et ça racontait sur un ton léger une sale moment à endurer un party de l'industrie du disque. Ironiquement, après la séparation de Stealers Wheel, Rafferty devrait se battre pendant trois ans avec l'industrie avant de pouvoir sortir son premier disque solo, le fameux City To City, qui s'accrocherait 49 semaines dans le Top 200 de Billboard.

Je passe la plume à un certain Nick Derisio de l'excellent site Something Else Reviews
Recent reports out of London have Rafferty turning to drink, busking for tips, trashing hotel rooms, suffering from a liver ailment.
No matter. Yearning yet forever young, my old vinyl version of "City to City" is a reverie that will always take me back. Back to "Baker Street," back to teenage dreams of flight -- to a place we could never be found, to a place far away from this town -- but then, importantly, to our inevitable return.
It's appropriate, for me, then that I still must dust off the old turntable -- carefully preserved, yet stored away from my every-day grownup life -- to get there.
Gerry Rafferty takes me full circle.


R.I.P.