lundi 17 janvier 2011

Sur la platine: Cassandra Wilson et son Silver Pony



Bien sûr, Diana Krall et la perfection de ses conceptions; bien sûr, la fraîcheur de Norah Jones; bien sûr, Madeleine Peyroux, plus Lady Day que Lady Day; et bien sûr, la beauté vocale de Melody Gardot.
Mais se détachant encore du lot, prêtresse voudou distillant les parfums suaves de la swamp des origines, Cassandra Wilson et son hybride delta-blues-jazz-rock-pop...

Je découvre à peine le dernier Cassandra Wilson, Silver Pony, album vocal de l'année 2010 selon le Village Voice, et je suis de nouveau hypnotisé, comme par une blessure fascinante, ou une cérémonie religieuse nocturne, avec un sacrifice vivant qui se balance au bout d'une corde... Il y a quelque chose de si dense dans cette musique, dans cette voix noire, dans cet entrelacs serré de guitares sudistes, de percus... Fascinant.

Depuis Blue Light Til Dawn en 1993, la conception musicale de Cassandra Wilson évolue sans jamais perdre son unicité. Un monde qui se distingue par la préséance des cordes sur les cuivres (pratiquement absents), par un respect du blues du delta sans jamais que la sauce ne devienne stagnante; pop et rock s'incorporent sans peine, les reprises mirifiques de U2, de Hank Williams, de Neil Young et Van Morrisson trouvant leur place sans peine auprès des Robert Johnson et Charley Patton.

Ce Silver Pony est une curieuse bête, mi-live, mi-studio, qui nous offre un aperçu de l'organisation organique de la musique dans un groupe dirigé par Cassandra Wilson; les musiciens, loin d'être des accompagnateurs, sont au coeur de chaque chanson, comme cette guitare bottleneck de Marvin Sewell qui zèbre les ambiances rythmiques denses de la dame. Écoutez cette reprise à la fois trépidante et traînante de St James Infirmary, le long blues de Pony Blues, la reprise imaginative de Blackbird des Beatles, la très belle Watch The Sunrise au finale, avec John Legend aux voix et piano.

Laissant la conclusion au critique FRANK ALKYER de Downbeat:
Silver Pony is a record that begs listeners to suspend notions of what a live recording should be or what a studio recording can be. After a few spins, it doesn’t matter. There’s too much to like.



QUALITÉ SONORE:
Pour ceux qui, comme moi, sont préoccupés par la qualité sonore des albums, dont certains trouvent que les disques de Mme Wilson ont tendance à baver beaucoup dans les basses fréquences, laissez-moi vous annoncer une excellente nouvelle: masterisation (Bob Katz) sans compression dynamique, énormément de dynamique, bel équilibre des timbres: l'esthétisme "live" à son meilleur. Écoutez "Pony Blues", vous m'en donnerez des nouvelles: 21,58 dB d'écart dynamique moyen, et ça s'entend.

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