dimanche 20 juillet 2008

McCartney et sa renaissance artistique

Oublions le ridicule discours nationaleux qui a entouré la venue de Paul McCartney à Québec, pour le 400e. La honte, ces sommités culturelles barbues qui répriment leurs bâillements devant les danses folkloriques et les ceintures fléchées, et qui considèrent la pop music anglaise comme un plaisir coupable! Comment se sentir froissé lorsqu'on a enfin la chance de voir en chair et en os un des icônes culturels de la contre-culture des années '60, enfin à Québec. McCartney n'a à peu près jamais fait de politique; c'est un artiste, et son legs se constitue d'un songbook qui nous aide à traverser la vie, joies et peines confondues, avec l'impression que l'humanité va finir par transcender ses limites étroites. Laisser Hey Jude au monde, c'est déjà immense! Récemment, McCartney a pondu un disque remarquable, sous l'aiguillon de Nigel Godrich, un producteur à qui on doit déjà pas mal de grandes galettes. Je vous le conseille fortement...

"Challengé" par le producteur Nigel Godrich (Radiohead, "Sea Change" de Beck), McCartney a épuré son jeu de son sentimentalisme dégoulinant et de ses ambitions au Top 40, avec pour résultat 13 titres qui respirent l'invention mélodique (un art dont il est un des derniers grands artisans). Un McCartney introspectif, dont la voix, intacte, a gardé une grande richesse émotive (écoutez "How Kind Of You"). Un McCartney renouvelé, qui , comme au temps des Beatles, sait intégrer des sonorités surprenantes (le "duduk" de "Jenny Wren") à des titres si instantanément mémorables qu'ils semblent avoir habité notre inconscient collectif depuis toujours. La contribution de Godrich n'est pas que dans sa main de fer qui nous a vraisemblablement évité les titres de remplissage dont McCartney est friand; écouter le remarquable "Vanity Fair" (qui semble évoquer en termes amers sa rupture avec Lennon), c'est réentendre les émouvants glissandos de "Sea Change" de Beck; et il y a un peu de Radiohead, période "Amnesiac" dans les sonorités de "Friends To Go". Résultat: le plus remarquable ajout au "songwriting book" déjà hallucinant de McCartney depuis des temps immémoriaux. Sans rejoindre les sommets de sa dernière période Beatles ("Let It Be", "Hey Jude"), plusieurs de ces titres n'auraient pas dépareillé sur "Revolver" ("Friends To Go"), le "White Album" ("Jenny Wren", "Follow Me") ou en b-side de "Lady Madonna" ("promise To You Girl"). Un disque qui va rendre jaloux tous les Neil Finn et David Gray de la terre.

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