jeudi 16 juin 2011

Perdre le temps... au bon moment... la beauté des Idle Moments de Grant Green



Paraît-il que lorsque Grant Green, le mythique guitariste de Blue Note, entama la 33e mesure de son solo, le pianiste Duke Pearson, compositeur de cet "Idle Moments", et qui dirigeait le trafic à cette session, fut le premier surpris, car il était entendu que la pièce-titre de cette session Blue Note ne devait pas dépasser sept minutes. Et conséquemment, selon les calculs de Pearson, Green avait droit à 32 mesures et ses acolytes à 16 chacun.

Mais, est-ce par erreur de calcul ou par la force de son inspiration tranquille, Green doubla la longueur de son langoureux et séduisant solo. Par souci d'équilibre, Pearson donna donc 32 mesures, puis passa le relais à un tout jeune Joe Henderson, qui fit de même dans un solo de ténor envoûtant, à la sonorité suave et addictive. Le vibraphoniste Bobby Hutcherson suivant l'exemple, Pearson regardait, légèrement inquiet, le producteur Alfred Lion à la console. Mais celui-ci souriait, parce que la musique, la bonne musique, n'est-ce pas, module le temps à sa volonté, et puis tant pis, on referait la prise, et on terminerait celle-ci dans l'amour de ce moment parfait.

Sauf que les musiciens ne réussirent jamais à recréer la magie de cette prise en 7 minutes, et c'est donc cette version de 15 minutes qui, depuis, constitue la pièce-phare de ce magnifique disque de fin de nuit...
Que je vous conseille dans sa nouvelle version Analogue Productions, SACD. Petit moment de perfection, avec entre autres deux versions de "Django" du Modern Jazz Quartet. L'une d'elle fait 13 minutes, et n'est pas en reste de blue note.

À ranger dans votre discothèque, tout près de Midnight Blue de Kenny Burrell.

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