samedi 12 janvier 2008

Congestion de basses, le son voodoo de Cassandra Wilson


Cassandra Wilson est sûrement la chanteuse de jazz contemporaine dont les disques me touchent le plus. Dès Blue Light 'Til Dawn, son premier album pour l'étiquette Blue Note (avec l'excellent Craig Street à la console), cette mixture complexe et sombre, quelque part entre le jazz le plus bluesy (manière Nina Simone) et un folk poussiéreux qui évoque Faulkner, porté par cette voix basse et riche, illuminé par un choix de matériel éclectique qui puisait autant dans le jazz que dans le folk-rock, le blues primitif et le rock, m'a fait découvrir une authentique originale, dont les disques ne ressemblent à rien d'autre, dont l'art est empreint d'originalité.

Son dernier disque, Thunderbird, avec T-Bone Burnett à la production, ajoute aux steels guitars, aux percussions et à la basse profondes des nappes de claviers et de samplings, pour créer un disque encore plus riche et chocolaté; les basses sont si congestionnées (deux batteries, contrebasse, percus, voix, claviers) que les petits systèmes pourraient bien ne hjamais en décanter la richesse exceptionnelle. D'autant plus qu'il y a eu compression dynamique au mastering: c'est un disque dense et lourd, un vrai travail de studio, une alchimie complexe des sens.

J'avais rebranché mes petites LS 3/5a (Rogers) pour les fêtes (espace oblige). Les Rogers sont un vrai joyau musical: ce sont des enceintes colorées, mais colorées avec un-je-ne-sais-quoi qui les rendent profondément musicales et... émouvantes. C'est dur à expliquer, et plusieurs attribuent leur pouvoir magique chez certains audiophiles par la suave tonalité des mid-hautes, là où la magie musicale réside selon plusieurs. Les basses sont surprenantes de tenue et de contrôle; pas de basses profondes, mais à l'audition, les Rogers émettent des basses plus fermes et plus présentes que mes Nirvana bass-reflex, qui ont pourtant un volume d'au moins quatre fois supérieur.

Comment s'y prennent-elles? Paraîtrait-il que c'est à l'aide d'une petite emphase sur les mid-basses (autour de 150 Hz) qui nous fait croire qu'elles ont plus de tonus que ce que leur volume suggérerait.

Mais ce petit stratagème peut causer des problèmes. Comme justement sur le Thunderbird de miss Wilson; les basses congestionnées se transforment en maëlström indigeste de fréquences lourdes dont on peine à dégager la voix chocolatée de la chanteuse.

Et à ce chapitre, des enceintes plus équilibrées comme les Nirvana deviennent largement supérieures aux Rogders.

Mais tout n'est pas qu'affaire de réponse de fréquences. Lorsque je mets Ma toune de "Bob Walsh", qui m'avait tant ému pendant les Fêtes avec mes Rogers, l'émotion est soudainement retombée; plus transparente, les Nirvana me permettent de mieux comprendre la diction de Bob Walsh; mais la "coloration" très british des Rogers me manque soudainement; j'entends tous les sons, mais la musique ne m'emporte plus avec autant de force.

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