mardi 13 octobre 2009

L'art de la compil'


Excellente question, récemment, de Martin de QAV, sur les compilations d'artistes. Le CD aura au moins amener ça de bon: une pléthore de compilations, le concept même de l'archivage devenant drôlement attrayant par les promesses du digital: facilité de manipulation et de reproduction sans abîmer les bandes maîtresses d'orgine. Certaines maisons de disques se sont fait une gloire de faire de la compilation un Art, reléguant aux oubliettes les compilations Time Life et leur aspect muséal d'encyclopédie ennuyeux. Rhino, entre autres, s'est spécialisé dans les rééditions et les compilations funky, avec livrets détaillés, généreux bonus, pièces inédites et mixages rares.

Par définition, les compilations sur vinyle étaient un peu décevantes côté son. Au moins une génération éloignée des masters d'origine... si on partait des masters d'origine. En fait, on peut supposer que les compilations étaient souvent assemblées à partir de copies de bandes sous-maîtresses compressées pour le vinyle, lesquelles étaient déjà une, deux ou trois générations éloignées des bandes maîtresses d'origine, pour un peu qu'il y ait mixage entre pièces sur l'album original. En plus, la compilation suppose l'abondance; or, s'il est bien un désavantage au vinyle sur le CD, c'est bien de diminuer de qualité sonore à mesure que les minutes s'ajoutent. Vous avez déjà réécouté vos compilations K-Tel d'époque??? Dans le monde digital, ce problème n'existe plus. Si des gens dédiés acceptent de rechercher les bandes maîtresses d'orgine, vous êtes en route pour le nirvana sonore... en autant que l'ingénieur au remastering soit à la hauteur.

Je me méfie un petit peu de l'étiquette audiophile cependant. On a tous entendu de ces compil' de labels audiophiles qui sonnent bien et dont la musique est ennuyante comme la pluie. Comme si l'ingénieur de son avait pris le contrôle du studio et que les musiciens faisaient dans la perfection.

Alors, en vrac, mes compil' préférés, celles dont la musique, le sequencing ET le son ont un petit quelque chose qui nous font voyager et habiter d'autres époques...

Ray Charles, 41 Greatest Hits 1959-1972 (Frémeaux & Associés), masteré par Steve Hoffman, ça sonne ça les amis! Peut-être pas la période la plus "pure" de Brother Ray, mais comment résister à Hit The Road, Jack, les duos avec Betty Carter et Georgia On My Mind, surtout dans un mastering aussi convainquant? Un double, peut-être difficile à trouver.

Nat King Cole, Greatest Hits (attention: étiquette DCC), masteré par le même... comme si NCC était dans le salon et c'est pas une figure de style. Le son est cristallin.

Buddy Holly - From The Original Master Tapes (MCA), masteré par SH, et qui a fait sa réputation. Il avoue aujourd'hui qu'il a simplement roulé les tapes tellement ça sonnait bien... aucun traitement, aucun EQ. C'est dynamique en tab...

Elton John - Greatest Hits (attention encore: étiquette DCC)... idem... et si je me fie à mon Greatest Hits Vol. 2, dont j'ai l'édition "commerciale", la différence sonore est abyssale...

John Coltrane - A John Coltrane Retrospective - The Impulse Years (Impulse)... ce n'est pas un miracle de son, mais si comme moi les versions digipack masterés par Erik Labsen vous irritent quelque peu le tympan, et si vous réussissez à trouver ce CD-triple, le balance tonale me semble plus juste! En attendant mieux, les coffrets récents étant compressés.




Nina Simone - The Best of Nina Simone (Phillips)... facile à trouver, pas cher, un excellent, bien que trop bref, survol de la grande diva noire, masteré par Dennis Drake...

Wilson Pickett - A Man And A Half (Rhino)... un CD-double fantastique d'un shouter de R&B et soul à la Otis Redding... masteré par S. Innocenzi. Un style en puissance.

Bob Marley - Legend (Tuff Gong, 1990)... son fantastique, quelle basse!... attention de rechercher l'édition (discontinuée) masterée par Barry Diament.... tel qu'indiqué à l'endos de la pochette.

Bob Dylan - "The Bootleg Series Vol. 8 : Tell Tale Signs Rare and Unreleased 1989-2006 (Sony). Une compil' de outtakes, mais tellement fantastiques! (masteré par Greg Calbi)

Jimi Hendrix - The Jimi Hendrix Experience (Experience Hendrix). Le CD quadruple au coffret mauve. Comme le Dylan, des outtakes et des live, mais tellement hot! Il y en a qui trouvent ça compressé, mon système n'est pas assez transparent pour que j'en souffre!

David Sylvian - Everything and Nothing (Virgin). Fantastique double-cd masteré par Bob Ludwig. Un survol brillant d'une carrière passionnante, des titres de Japan, de Rain Tree Crow et de ses multiples collaborations (Sakamoto, Fripp). Sylvian a remixé certains titres. Certains seront déçus de cette version moins inquiétante du célèbre hit de Japan, Ghosts. Deux excellents inédits des sessions de Dead Bees On A Cake.

Talking Heads - Sand In The Vaseline. À mon souvenir, ce cd-double sonne très bien. Robert Ludwig encore.Mais honnêtement, une compilation des Talking Heads? Alors que les quatre premiers albums sont indispensables à toute collection? Mais pourquoi je prêche, moi? Puisque je l'ai, c'est que j'ai commencé mon exploration des Heads avec ça, non?

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