mardi 26 mai 2009

Quebecor, l'ADSIQ et l'Internet

N'est-ce pas formidablement ironique?

D'une main, l'empire Québécor, qui possède quelques-une des plus grosses machines commerciales de l'industrie québécoise (Musicor, Sélect et Archambault) fait un majeur à l'ADISQ et claque la porte, arguant entre autres que l'ADISQ ne s'est pas mis au diapason de l'Internet et que ses mesure protectionnistes ne sont pas en phase avec leur époque.

Et de l'autre, l'Empire Québécor vend aux consommateurs québécois de l'Internet haute-vitesse; et quiconque a déjà eu affaire avec eux sait bien que leurs "représentants" n'hésitent jamais à vous vanter la vitesse de téléchargements des fichiers musicaux, auxquels l'ADISQ, bien sûr, s'oppose du mieux qu'elle peut (c'est à dire très peu).

On vit une époque formidable! Les empires ne peuvent plus s'écrouler; vous leur coupez une tête et il en repousse une autre. Sony créant des protections pour ses CD d'un côté; vendeurs des baladeurs MP3 de l'autre.

Ceci dit, reconnaissons à l'inquiétant Pierre Marchand de brasser la cage à un bon moment. Quand on lit que l'ADISQ songe à militer pour imposer des quotas francophones sur Internet, on se dit que ces gens vivent dans une bulle et qu'il faudra bien qu'elle crève à un moment donné. Sinon, c'est toute l'industrie qui va y passer!

À quand la licence globale qui sauvera les créateurs et l'industrie dans son ensemble et qui obligera les Vidéotron et autres Bell de ce monde à partager le butin de l'Internet?

mercredi 20 mai 2009

Le palmarès musical de Cameron Crowe


J'aurais voulu être Cameron Crowe. Sans farces. Je dis pas ce genre de choses à légère (d'un coup que ce genre de miracle peut arriver!)

Cameron Crow, c'est ce jeune homme qui, dans les années '70, a eu l'audace d'envoyer un texte au magazine Rolling Stones (la Bible du rock à l'époque, ça a bien changé) et qui a été contacté pour devenir un de leurs journalistes. Il n'était qu'un teenager! (Cette histoire, il l'a d'ailleurs raconté dans son film Almost Famous).

Devenu un des journalistes les plus en vue du grand magazine, Crowe a fait une transition vers le cinéma, transition magnifiquement réussie qu'il a amorcé avec l'excellent Singles (sis à Seatlle, en pleine période grunge). Devaient suivre Jerry Maguire, Almost Famous, voyez le genre. Le gars est tellement farci de talents que c'en est ridicule.

Il a même marié Nancy Wilson. Oui, oui, la blonde du groupe Heart.

Je dirais pas non à être Cameron Crowe!

Bon, mais la nouvelle, c'est pas mes fantasmes. c'est plutôt que, réunissant ses deux grandes passions (cinéma et musique), Crowe vient de dévoiler les dix moments où les deux se sont mariés de la manière la plus parfaite qui soit.

J'adore les listes, et celle-là, elle est formidable. Voyez plutôt.

10. Where Is My Mind par The Pixies - Fight Club (1999)

9. Cucurrucucu Paloma par Tomas Mendez - Parle avec elle (2002)

8. Edge Of Reality par Elvis Presley - Live A Little, Love A Little (1968)

7. Everybody’s Talking par Harry Nilsson - Midnight Cowboy (1969)

6. Jump Into The Fire par Harry Nilsson - GoodFellas (1990)

5. Tubular Bells par Mike Oldfield - The Exorcist (1973)

4. Going Home : Theme Of The Local Hero par Mark Knopfler / Hoppipola par Sigur Rós - Local Hero (1983) / Heima (2007)

3. Falling Slowly par Glen Hansard et Marketa Irglova - Once (2006)

2. She Smiled Sweetly / Ruby Tuesday par les Rolling Stones - The Royal Tenenbaums (2002)

1. Don’t Be Shy par Cat Stevens - Harold and Maude (1971)


J'ai mis en gras ceux que je connais et que j'aime vraiment beaucoup. Et j'ajouterais: les Poissons de Saint-Saëns, utilisé à satiété dans Days of Heaven (et en ouverture de tous les films à Cannes) et Georgia On My Mind de Ray Charles et la Symphonie du Nouveau Monde, les deux dans l'excellent et méconnu Four Friends de Arthur Penn (l'oncle de Sean).

Quant à Nancy Wilson, pour ceux qui la connaissent pas: la blonde à gauche. Crazy On You!




Street Fighting Man des Rolling Stones: acoustique, lo-fi et fier de l'être!


La culture rock est truffée d'anecdotes. Il y a même des facultés universitaires qui donnent à ce vaste monde ses lettres de noblesses en bâtissant des programmes autour de ce thème. Mais je ne connais rien de plus réjouissant, à ce propos, que de lancer un fil de discussion sur le forum SteveHoffman.tv, une joyeuse et immense tribu de maniaques de musique de partout à travers le monde qui partagent leur "mélomanie" avec un enthousiasme débridé et dangereusement proche de l'autisme.

Anecdote: écoutant Beggar's Banquet des Stones et savourant sa splendeur sonore (comme je vous l'ai asséné sur mon entrée de blogue précédente), je tiquai néanmoins sur Street Fighting Man, en plein mileu de l'album, un des trois grands hits des Stones cette année-là. Street Fighting Man est tellement lo-fi ! En même temps, cette guitare acoustique agressive et distorsionnée à droite, ce son du bass drum plein et rond à gauche, cette double (triple?) piste des voix hyper-compressée, le piano, la sitar et un instrument qui fait comme une corne de brume agressante par-dessus tout le magma en coda, c'est tellement un single rock dans toute sa verve, son côté rageur, son côté coup-de-poing. Street Fighting Man est le premier morceau produit par Jimmy Miller pour les Stones; pourquoi ce son si lo-fi?

Je reviens donc à Stevehoffman.tv. Une fois lancée, le fil de discussion "Street Fighting Man" a généré une trentaine de réponses, toutes intéressantes, et 840 visionnements en un peu plus de 24 heures!! Imaginez ça! Assemblée de cinglés éduquant leur petit dernier... Digression sur le rôle réel de Brian Jones dans ce qui fut son dernier album. Sur le son de batterie dans Parachute Woman. Sur les parties de guitare enlevantes de Keith Richards sur Stray Cat Blues. Et dans le lot, la réponse: pourquoi Street Fighting Man sonne aussi mal... et aussi bien en même temps...
Street Fighting Man was all acoustics. There's no electric guitar parts in it. (Even the high-end lead part was through) a cassette player with no limiter. Just distortion. Just two acoustics, played right into the mike, and hit very hard. There's a sitar in the back, too. That would give the effect of the high notes on the guitar. And Charlie was playing his little 1930s drummer's practice kit. It was all sort of built into a little attaché case, so some drummer who was going to his gig on the train could open it up - with two little things about the size of small tambourines without the bells on them, and the skin was stretched over that. And he set up this little cymbal, and this little hi-hat would unfold. Charlie sat right in front of the microphone with it. I mean, this drum sound is massive. When you're recording, the size of things has got nothing to do with it. It's how you record them. Everything there was totally acoustic. The only electric instrument on there is the bass guitar, which I overdubbed afterwards.
-Keith Richards, 1977
Ah les années '60: formidables! Imaginez les Stones enregistrant sur un petit cassette deck aujourd'hui. Not a chance!

Au fait, pour les amateurs de mono, sachez que Beggar's Banquet en mono est un "fold-down" de la version stéréo, exceptée deux pièces, qui ont leur propre mixage mono, et ce sont évidemment les deux singles: Sympathy for the Devil et Street Fighting Man. Ces deux versions n'existent pas en CD... mais... Mais vous trouverez un mixage mono alternatif de Street Fighting Man, qui fut pour un temps très court la version single US, sur le triple SACD Singles Collection, que j'écoute ne ce moment... et qui donne à la version stéréo des allures de disque de démonstration hifi, c'est tout dire. Presque pas écoutable... Mais quel single!

mardi 19 mai 2009

Un GRAND classique: Beggar's Banquet des Rolling Stones


Début 1968, les Rolling Stones semblaient largués dans le monde en fusion du rock...

1967 avait été une année horrible, à tous points de vue: après le triomphe de Aftermath en 1966, les Stones semblent perdus: ils ont abandonné la scène, mais ça ne leur profite guère; trois de leurs membres font de la prison en 1967 (Jagger, Richards, Brian Jones) et le train psychédélique passe près de les larguer: Between The Buttons et Their Satanic Majesties Request déçoivent leurs fans et leur conversion psychédélique, tardive par rapport aux Beatles, a un petit parfum d'opportunisme. La santé de Brian Jones décline, leur flamboyant manager et producteur Andrew Long Oldham, aux prises lui-même avec des problèmes de drogue et négligeant ses ouailles pour faire le party en Californie, quitte le bateau.

Eux qui étaient les hérauts d'un rock un peu sale patiné de blues et de r&b sont dépassés sur leur gauche et leur droite par les nouveaux dieux du rock bruyant: Cream et Clapton sur leur gauche et leur puissant blues-rock, Jimi Hendrix sur leur droite avec son soul-rock psychédélique; et les Who au centre, les nouveaux mauvais garçons du rock anglais, sauvages, bêtes, méchants, avec leur fou furieux Keith Moon à la batterie.

Non, 1968 s'annonçait mal.


Ils ont répliqué avec le meilleur album de leur illustre carrière. Beggar's Banquet.




C'est peu dire que signaler que Jagger et Richards signent la fin de la récréation et reviennent aux sources. C'était déjà palpable à la sortie du single Jumpin' Jack Flash en mai... Les sources, pour eux, c'est un mélange bordélique et réussi d'un rock blanc crispé assez agressif et de l'animalerie blues et r&b. Avec ici et là des hommages bien sentis au folk et au country. Ça sent Chicago qui prend un bain dans le rock anglais, ça sent le sud américain porté par cet interprète fascinant qu'est Mick Jagger.

Exit la lutherie psychédélique. Guitare sèche de Richards à gauche, guitares électriques à droite, basse, batterie, piano, avec un Brian Jones très inspiré pour ajouter des touches uniques de slide, d'harmonica, de sitar, de mellotron. Et Jagger, un interprète unique, qu'on réduit un peu trop à sa caricature parfois, mais qui ici capte notre attention à chaque syllabe.

Dès les premières notes de la très célèbre Sympathy for the Devil, ça sent le grand cru, cette ronde sauvage qui, face aux Jesus-Freaks, proclame avec cynisme et arrogance sa différence. Les Stones quittent à jamais l'orbite des Beatles et ont trouvé leur son. Pas une pièce faible, une clarté d'exécution et une richesse sonore qui n'est pas coutume: je ne crois pas que les Stones ont jamais mieux sonné que sur Beggar's Banquet et Let It Bleed, merci à leur nouveau producteur Jimmy Miller. Magnifique ballade folk de No Expectations, rock bluesy un peu garage de Parachute Woman et Street Fighting Man (où la qualité sonore fout un peu le camp, voir note plus bas), l'excellent blues-country Jigsaw Puzzle que certains trouvent dylanesque (et où Brian Jones laisse une marque indélibile de sonorités bizarres au mellotron)... sans oublier la sauvage Stray Cat Blues, ma préférée, avec un Jagger plus jouissif que jamais qui chante le sexe sauvage. Sur Prodigal Son, Jagger, méconnaissable, semble émerger d'un champ de coton, avec son folk rugueux...

Parce qu'ils durent depuis si longtemps, parce que Jagger est un jet-setter et Richards un survivant de longues années de drogues, parce qu'on nous les assène année après année, on oublie parfois à quel point les Stones sont (étaient?) des stylistes parfaits du rock. Ils avaient tout: l'attitude rebelle, le talent, la capacité d'assimiler des influences et de les transformer, un grand sens mélodique, un respect des musiques passées en même temps qu'un appétit insatiable pour ce que le rock pouvait leur donner. Beggar's Banquet fut quant à moi leur sommet. Laissez tomber les Best Of, vous devez les entendre dans un véritable album au pacing presque parfait (avec juste Dear Doctor peut-être un peu prématuré).

Si vous voyez l'édition SACD chez les disquaires usagés, ne la loupez pas: non seulement ils se font rares (et leurs prix grimpent), mais au niveau sonore, c'est un triomphe, célébré pour de bonnes raisons. À part les deux titres mentionnés plus haut, les Stones sonnent ici comme jamais: un son puissant, plein, avec des guitares qui vous cisèlent les tympans, sur une base toujours réussie de piano, de basse, de batterie et de guitares acoustiques; un Jagger parfait, un Brian Jones à son crépuscule (il est mort peu après) et un groupe de chansons qui leur va comme un gant.

Un classique, un vrai, dans une des meilleurs années de l'histoire du rock.

Concernant la qualité sonore de Street Fighting Man et Parachute Woman, l'explication serait la suivante: Keith Richards avait pris l'habitude d'enregistrer ses parties de guitare dans une machine à cassettes franchement ordinaire, comme base des chansons. Dans certains cas, les Stones, sûrement pas des puristes audiophiles, couchaient simplement ces riffs de guitare dans le multi-pistes et ajoutaient les overdubs.

Autre anecdote de l'album: la sortie fut retardée pendant plus de trois mois, la compagnie de disques refusant le concept de la pochette: une toilette comme banquet des pauvres. Une pochette très punk, qui rend bien tout le cynisme de Jagger, lui qui chante avec ferveur la beauté des travailleurs paumés de la terre sur Salt of the Earth. Le label gagne, la pochette initiale ressemble à un carton d'invitation pour un banquet d'un hôtel chic et il faudra attendre les rééditions sur CD pour voir la vraie pochette de Beggar's Banquet.

lundi 18 mai 2009

Sur la platine ce soir...

Il a fait chaud dans mon lit au son de Rocco, il a fait froid sur la piste de jogging sur le bord du Canal au son du vent vent qui sifflait dans mes oreilles; on s'est empiffré de hot-dogs et de frites au souper; on a regardé tous ensemble Marley and Me, ma petite a pleuré quand Marley est mort, elle m'a frappé la main, en douceur, en me disant: "Tu vois un chien c'est génial" puis ma douce et moi on a regardé The Curious Case Of Benjamin Button, fascinés une nouvelle fois par le cinéma déjanté, différent, de David Fincher... Cherchant Montréal dans chaque scène, et la trouvant travestie en Paris, en Moscou, en New York. Curieusement, je faisais justement du repérage, exactement aux mêmes endroits, cette semaine.

Et finalement, je me suis réfugié dans mon antre. Recharger les batteries. Il est 2 heures 18, les Glassworks de Philip Glass jouent alors que j'écris ces lignes. Un de mes disques préférés, un disque que je suis venu chercher à Montréal, tout jeune, en bummant mes cours, dans un sous-sol, parce que le disque n'était pas arrivé à Québec. Je n'avais jamais entendu quelque chose de pareille à l'époque. C'était en 1982, et ce disque ne quittera jamais ma collection, quoi qu'il arrive.

Philip Glass est fascinant; d'une matière apparemment réduite à presque rien, quelques notes mille fois répétées (Glass a quelque chose du maître assis à son métier à tisser), il crée un monde cyclique qui nous happe; c'est comme regarder le cours des saisons en accéléré, au ralenti, en vision stroboscopique, c'est comme un cycle naturel dans tous ses états, et nous, les insectes pensants, nous écoutons ce cycle avec l'impression d'être dans notre élément. C'est chaud, c'est remuant, c'est étrange, c'est hypnotisant.



Dans la nuitée bleue, rien de tel que la guitare pour faire vibrer la vie au repos. J'ai mis un truc fascinant comme on n'en trouve que sur Internet. Jimi by Himself, des démos enregistrés dans l'intimité par Jimi Hendrix, en 1968, quelque part dans un hôtel de New York. Magnifiques versions acoustiques de 1983... (A Merman I Should Turn To Be), de Angel, des moments de blues, des impros tranquilles... Émouvant, quand même, d'entendre cette voix quarante ans plus tard (40!!!), cette vie fauchée. Jimi devait savoir quelque chose que tout le monde ignorait, lui qui s'enregistrait constamment, tout le long de sa météorite carrière...

Pour faire bonne mesure, j'ai mis aussi les premiers morceaux de Cry Of Love, l'album posthume, complété sûrement avec beaucoup de mélancolie et, disons-le, d'amour par Mitch Mitchell et Eddie Kramer, peu après la mort accidentelle et stupide de Hendrix. Ils ont plongé dans son travail des six mois précédent, ont complété certains trucs que désirait accomplir Jimi (les délicates percus sur le magnifique Driftin' par exemple). Sans atteindre les sommets des trois albums "officiels" du Jimi Hendrix Experience, Cry Of Love offre un aperçu intéressant de ce qui était en gestation dans l'esprit toujours en mouvement du guitariste. Certains morceaux (EZ Rider, Straight Ahead) sont tout à fait en phase avec la radio FM dont le son se dessinait à l'époque; deux blues dépouillés ponctuent l'album (My Friend, Belly Button Window); deux petits chefs d'oeuvre l'ouvrent (Freedom, Driftin'). Ce n'est pas du tout un pillage opportuniste, si vous ne connaissez pas cet album et que vous aimez Hendrix, vous vous devez de l'entendre. Il est vrai qu'il pourrait être difficile à trouver; il a été officiellement "avalé" par la compil' First Rays of the New Rising Sun maintenant.


Et pour rester dans la note bleue de la six-cordes, dans un registre plus mélanco, comme coda, sorte de chandelle sonore qui vous rend tout cire chaude, j'ai laissé les notes du Soul Lament de Kenny Burrell envahir la pièce dans l'obscurité. Kenny Burrell est un guitariste de jazz de la belle époque de Blue Note, et son disque Midnight Blue est paraît-il un de ses plus connus. La délicatesse du phrasé, la tonalité à la fois opaque et chaude, c'est de toute beauté. Si Soul Lament est mélanco à souhait et se livre en solo, le reste du disque est plus "hot" et hard: un Blue Note typique, de 1963, avec l'omni-présent Rudy van Gelder à la console, et Stanley Turrentine au sax (ténor? alto? Si c'est un ténor, il a le souffle drôlement agile), une section rythmique à trois. Mais c'est d'abord la guitare de Burrell qu'on entend, aussi distinctive qu'une voix humaine. Paraît-il que le remastering de RVG est l'une des réussites de sa série très contestée. En tout cas, la musique est belle, ne vous en privez pas.

Finalement, finissons sur un moment de grâce divine, parce que c'est beau la sueur, la souffrance, le sexe et tout ce qui nourrit le blues et ses variantes; mais de temps en temps, la beauté éthérée d'un grand morceau classique, ça nous rappelle qu'il y a paraît-il des parcelles de Dieu égarées dans notre ventre, et qui remontent jusqu'à notre cerveau. Vous connaissez des morceaux divins? Je voudrais vous en faire partager quelques-uns, mais pour l'heure (il est très tard), un seul...

C'est cet orchestrateur hallucinant au nom peu poétique de Maurice Ravel qui l'a commis: le 2e mouvement de son Concerto pour piano et orchestre. Un Adagio, évidemment. Ça commence par des notes de piano assez tristes, qui avancent doucement, délicatement, avec une sorte de grâce fatiguée,et finalement, on se dit: bon sang, que c'est triste cet air, ah la la, mais voilà que le piano part en vrille et se fond dans un tourbillon de flûtes, et hautbois et clarinettes, dans une spirale de cordes, et on reconnaît les orchestrations magiques de l'ami Ravel, et le piano se met à moduler dans cette espèce de paysage féérique, et avant d'y prendre garde, vous avez décollé, la musique vous a amené très très loin de vous-mêmes... 9 minutes absolument out-of-this-world...

C'est peut-être en la regardant jouer ce Concerto que Charles Dutoit est tombé amoureux de Martha Argerich. Pas moi qui va l'en blâmer!

Mais attention au réveil: le mouvement suivant n'a rien de doux!

dimanche 17 mai 2009

"Audio as a hobby is dying"

Sujet à réflexion, tiré d'une chronique de Stereophile...

J. Gordon Holt, fondateur de Stereophile, interviewé il y a 2 ans...
Do you see any signs of future vitality in high-end audio?
Vitality? Don't make me laugh. Audio as a hobby is dying, largely by its own hand. As far as the real world is concerned, high-end audio lost its credibility during the 1980s, when it flatly refused to submit to the kind of basic honesty controls (double-blind testing, for example) that had legitimized every other serious scientific endeavor since Pascal. [This refusal] is a source of endless derisive amusement among rational people and of perpetual embarrassment for me, because I am associated by so many people with the mess my disciples made of spreading my gospel. For the record: I never, ever claimed that measurements don't matter. What I said (and very often, at that) was, they don't always tell the whole story. Not quite the same thing.

Remember those loudspeaker shoot-outs we used to have during our annual writer gatherings in Santa Fe? The frequent occasions when various reviewers would repeatedly choose the same loudspeaker as their favorite (or least-favorite) model? That was all the proof needed that [blind] testing does work, aside from the fact that it's (still) the only honest kind. It also suggested that simple ear training, with DBT confirmation, could have built the kind of listening confidence among talented reviewers that might have made a world of difference in the outcome of high-end audio.

Outch!

Encore plus intéressant, à mon avis, le même Holt, lors d'une conférence à Chicago en 1992:

"We seem to have come to a tacit agreement that it's no longer necessary, or even desirable, for a home music system to sound like the real thing. We speak in hushed and reverent tones about reproducing the ineffable beauty of music, when in fact much real music is harsh and vulgar and ugly. We design the all-important musical midrange out of our equipment in order to try—vainly, I might add—to recreate the illusion of three-dimensional space through what is essentially a two-dimensional reproducer. And whenever we hear a loudspeaker or a CD player that shows subversive signs of sounding more 'alive' or 'realistic' than most, we dismiss it out of hand as being too 'forward' or 'aggressive.' As if a lot of real music isn't forward and aggressive!

"The idea that all we are trying to do is make equipment that gives the listener some sort of magical emotional response to a mystical experience called 'music' is all well and good, but it isn't what High End is all about. In fact, high fidelity was originally a reaction to the gorgeously rich-sounding console 'boom boxes' that dominated the home-music market during the 1940s!

"We've lost our direction....The High End in 1992 is a multi-million-dollar business. But it's an empty triumph, because we haven't accomplished what we set out to do. The playback still doesn't sound 'just like the real thing.' People, let's start getting back to basics. Let's put the 're' back into 'reproduction.' Let's promote products that dare to sound as 'alive' and 'aggressive' as the music they are trying to reproduce."


En voilà un qui ne mâche pas ses mots.

Et j'ai comme l'impression que Mr Holt n'aime guère le son anglais (Rega?), les magiques mid (mes Rogers, les panneaux?), la "coloration chaleureuse" (tubes?) et la "musicalité" si chère à certains audiophiles.

Et que par contraste, la haute-efficacité et la transparence doivent être prisées chez lui.

En fait, par procuration, j'avais l'impression de revivre certains débats que j'ai avec un ami audiophile.

Mais je me trompe peut-être. Sujet à réflexion.

PLEASURE MUSIC FOUNDATION: aux armes mélomanes!

La guerre à la compression commence comme toutes les guerres modernes: information. Comme ici.

Mais un peu d'activisme ne peut pas faire de tort.

Une fondation est née en janvier dernier; la
PLEASURIZE MUSIC FOUNDATION.

Elle passe au 2e stade de la guérilla auditive. Elle cherche à enrôler des membres de l'industrie (musiciens, ingénieurs, producteurs, membres de l'industrie ainsi que les mélomanes comme nous), à faire signer des lettres d'intention dans lesquelles ces membres de l'industrie garantissent de respecter certains critères de qualité sonore... (ET JE SIGNALE QUE LES DEUX TIERS DE LEURS MEMBRES SONT INSCRITS COMME PROFESSIONNELS DE L'INDUSTRIE MUSICALE) Ils fournissent pour tous un logiciel qui mesure l'écart dynamique des enregistrements.

BREF, TOUS CEUX QUI ICI SE PLAIGNENT DE COMPRESSION DYNAMIQUE,
c'est un moyen de commener à passer AUX ACTES.

PLEASURIZE MUSIC FOUNDATION website

Le logiciel:



PS On pourrait débattre de la méthode de calcul du logiciel, qui n'utilise que les 20% les plus "loud" d'une pièce pour se livrer à son calcul, ignorant ainsi que l'écart dynamique perçu doit tenir compte de lois psycho-acoustiques, ou que l'écart dynamique moyen tient compte de la "moyenne" de RMS d'une pièce, pas simplement de ses passages les plus forts en volume. À suivre.