samedi 15 septembre 2007

1965. OTIS REDDING - Otis Blue - Otis Redding Sings Soul

(2e article d'une série couvrant les années 1964 à 2007)

Voici le disque de l'insomnie, voici la voix noir vinyle et les cuivres rutilants et apaisants à la fois qui vous cueillent au plus sombre de la nuit, alors que vous hésitez entre un expresso bien tassé ou un Scoth bien ambré. Vous hésitez entre l'envie de danser ou de vous allonger, et la voix de Redding résonne: Ole-Man Trouble...



Otis Redding habite le soul comme personne. Il n'a pas la voix de velours de Sam Cooke, le charisme ahurissant de Ray Charles ou l'énergie sexuelle de James Brown, mais son soul est patiné d'un blues profond qui vous attrape l'âme et la plonge dans l'eau noire des souvenirs. Voix rauque, expressive, cuivres qui jettent comme des éclairs lumineux sur les airs mélancoliques ou dansants. Il est facile de passer à côté de l'art de Redding, peut-être; mais ses traces sont partout. Les hymnes soul tout en montée, avec des cuivres qui gravissent les cimes de l'émotion par-dessus le martèlement des drums, c'est tout lui. Tous les chanteurs auraient voulu être Ottis Redding. Écoutez Peter Gabriel faire Sledgehammer. Même David Sylvian, avec Wanderlust. Ce sont des hommages à peine déguisés.

Payez-vous une tranche de soul bien noir avec ce Otis Blue... Dans un bon mastering comme le Mobile Fidelity, le son (mono) est glorieux; l'énergie de Respect (sa compo, rendue célèbre par Aretha Franklin), de Down In The Valley, de Shake (de Sam Cooke) ou de Rock Me Baby (de B.B. King) se module sur d'irrésistibles hymnes soul: Ole Man Trouble, A Change Is Gonna Come (de Sam Cooke), I've Been Loving You Too Long, et en finale, le magnifique You Don't Miss Your Water. (Vous pouvez cependant skipper le cover de Satisfaction des Stones, qu'il n'avait jamais entendu avant de l'enregistrer!)...

Cet album représenterait un sommet dans la courte carrière de Redding. Sa disparition, en décembre 1967 (la même année que Coltrane) , avec presque tout son fameux backing band, les Bar-Kays, dans un crash aérien, nous aura privé d'une carrière qui eut été à coup sûr fabuleuse: à peine trois jours plus tôt, Redding avait enregistré son inoubliable crossover: "(Sittin' on) the Dock of the Bay". Son seul numéro un en carrière!

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