Poetry and music are for those with straight connections between ears, eyes, heart, and gut. (Diane Dorr-Dorynek)
dimanche 23 septembre 2007
Yes - Fragile
Yes, Fragile. Le genre d'albums qu'on a écouté à mort dans notre adolescence, mais qu'on ne ressort pour ainsi dire jamais. À moins d'être dans ce mood. Le mood de se faire marteler par ce trio d'attaquant véloces, précis, efficaces: Steve Howe, Bill Bruford, Chris Squire.
Yes ne donnait pas encore dans les longues suites conceptuelles. Yes passait encore dans les radios AM (Roundabout)! Jon Anderson n'était pas encore un concept ésotérique. Yes torchait simplement des pièces progressives parfaites, courtes, ramassées sur elles-mêmes, diablement efficaces, propulsées par la batterie de Bruford (Bruford est tout simplement génial à écouter), cardio-infusées par la basse sèche et puissante de Squire et allumées par cet espèce d'alchimiste à la fois agressif et céleste, Steve Howe, et sa six-cordes. Ajoutez à cela cet espèce d'instinct pop et cette voix remarquablement aérienne de Jon Anderson. Yes avait un son à nul autre pareille. Quand ils atteignaient le niveau de densité créatrice de South Side of the Sky, ils se posaient en égal de King Crimson. Oui oui!
Bien sûr, j'oublie Rick Wakeman. M'énerve. Virtusose, magnifiquement à sa place quand il la garde, sa place. Mais avec une tendance innée, énervante, à faire du flash quand la musique n'en demandait pas tant. Comme une fille qui bat des paupières, là, en en oubliant les choses sérieuses. M'énerve. Mais quel talent quand il s'y met.
Fragile, c'est d'abord quatre pièces écoeurantes à souhait de beat, de mood, de virtuosité (Roundabout, South Side of the Sky, Long Distance Runaround, Heart of the Sunrise), entourées de cinq pièces bouche-trou (une par musicien), du plus dispensable (un Brahms massacré par un Wakeman qui se prend pour Wendy Carlos) au plus efficace (Fish, de Squire, un petit fragment instrumental qui ressemble plus à un coda à Long Distance Runaround), avec en prime une petite merveille acoustique au mood hispanophone de Steve Howe (Mood For A Day).
Fragile, c'est un Yes ramassé sur lui-même, le poing fermé, qui se prépare à libérer une formidable énergie créatrice sur son album suivant, leur meilleur selon un paquet de monde: Close to the Edge. Un apéro qui cogne.
Que j'aimerais entendre la version vinyle concoctée par Steve Hoffamn. En attendant, la version gold CD de Mobile Fidelity fera très bien l'affaire. Elle ne manque pas de coeur.
Yes. Fragile. 1973.
Jon Anderson. Steve Howe. Rick Wakeman. Chris Squire. Bill Bruford.
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Publier un commentaire