lundi 11 janvier 2010

Roger Ebert, nil by mouth


C'est pour moi un authentique héros littéraire.

Oh je sais bien qu'un critique de cinéma n'est pas un vrai héros littéraire. Ce n'est même pas un vrai créateur.

Mais dans un monde de critiques chiants qui cherchent désespérément à se faire du capital intellectuel sur le dos des créateurs, Roger Ebert est un modèle de perspicacité, de lucidité, de générosité aussi.

Il en faut, de la générosité, après plus de 40 ans de visionnements professionnels, pour toujours garder son ouverture d'esprit, chercher à comprendre la démarche créatrice qui balbutie devant nos yeux, souvent de manière totalement anarchique, pour offrir à celui qui lit un éclairage nouveau sur un film qu'il eut été si facile de trasher, comme trop de critiques le font constamment, amoureux de leurs propres mots d'esprit.

Lorsque je sens qu'un film m'échappe, que la démarche de son auteur m'est hermétique, je me tourne toujours vers Roger Ebert.

Tout ça pour vois dire que le grand esprit de Ebert fait face à un obstacle incroyable, une adversité que je ne souhaite pas à mon pire ennemi. Des opérations multiples pour un cancer de la gorge ont laissé des séquelles épouvantables: il ne peut plus ni boire, ni manger, ni parler. Et il vient de refuser ce qui eut été une quatrième chirurgie réparatrice.

Croyez-vous ce diable d'homme allongé sur son lit d'hôpital, plein de rancoeur et de dégoût pour ce coup du sort, attendant la mort dans l'amertume? Que non...

Il nous fait partager sa condition dans une entrée de son  fameux blogue.  Que ceux qui se demandent à quoi servent les blogues fassent un détour par ce condensé de dignité humaine.

J'ai jamais lu un si bel hommage croisé à la nourriture et la mémoire.

http://blogs.suntimes.com/ebert/2010/01/nil_by_mouth.html

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